Texte I: Demosthène se défend contre Euboulidès qui l’accuse d’être devenu illégalement un citoyen athénien.
« à peine mon nom fut-il appelé qu’il bondit à la
tribune et se met à me calomnier, parlant vite, d’abondance et à grands
cris -vous l’avez vu faire !- sans produire un témoin à la plus de ces
accusations, ni parmi les démotes ni parmi les autres athéniens ;.et il
invite l’assemblée à l’exclure.
Je demandais que l’affaire fut
renvoyée au lendemain, parce qu’il était tard, que je n’avais personne
pour m’assister et que j’étais pris de court : ainsi il pourrait
développer son accusation à loisir et produire des témoins s’il en
avait ; quant à moi je pourrai présenter ma défense en assemblée
plénière et fournir le témoignage de mes parents ; et quel que fût la
sentence de l’assemblée j’étais prêt à l’accepter. Mais il n’est à
aucun compte de ma proposition et fit immédiatement distribuer les
jetons de vote aux démotes présents sans me permettre aucune
défense, sans organiser un débat contradictoire. Ses acolytes
s’élancèrent au vote. Il faisait nuit, chacun reçu d’Euboulidès deux,
trois jetons qui jetèrent dans l’urne : ce qui le montre bien c’est
que, les votants n’étant pas plus de 30, on compta plus de 60
suffrages, à la stupéfaction générale. Et preuve que je dis vrai, que
le vote n’a pas eu lieu en assemblée plénière et qu’il y a eu plus de
suffrages que de votants, je vais fournir des témoignages. À vrai dire,
athéniens, je n’ai pu avoir comme témoin aucun de mes amis ni des
autres athéniens parce qu’il était tard et que je n’avais convoqué
personne ; mais je peux recourir au témoignage de ceux-là mêmes qui
m’ont exclu injustement. Ils ne pourront nier les faits que j’ai mis
par écrit à leur attention. »
Demosthène, Contre Euboulidès, 46