Phinarète, la sage femme
« Je m’appelle Phinarète.
Je suis une femme grecque née
comme ma mère à Athènes. Mon père est un citoyen
athénien et j’ai moi-même épousé un citoyen athénien du nom de
Sophronisque.
C’est un honnête artisan qui sculpte le marbre blanc des îles pour en faire des statues.
Dans
ma demeure, je m’occupe de Socrate mon petit garçon et de la gestion de
la maison. J’ai une esclave qui fait les tâches ménagères et la
cuisine pour la famille. Je vis la plupart du temps dans le gynécée,
pièce de la maison à l’étage qui m’est réservée où je tisse des
vêtements et autres étoffes.
Artémis a toujours été ma déesse
préférée. Dès l’âge de 7 ans, je lui ai été offerte pendant la fête
d’Artémis Brauronia. Ainsi, recouverte d’une peau d’ourse, j’ai
marché dans le cortège religieux d’Athènes jusqu’au sanctuaire de
Brauron. Plus tard, le jour de mon mariage, j’ai fait don à la déesse
de mes jouets favoris et d’une boucle de mes cheveux. Je me suis mariée
vierge comme elle et je suis même devenue sage-femme après mon
premier accouchement.
En tant que sage femme, je surveille le
travail d’enfantement et je délivre les femmes de leur enfant. Comme
toutes les accoucheuses, je me sens parfois impuissante quand je ne
peux sauver un bébé et même parfois la mère. Il arrive qu’on me
reproche aussi que le fruit de l’accouchement ne soit pas à la hauteur
des espérances. Les athéniens préfèrent avoir des garçons, et comme
tous les grecs, ils veulent des garçons bien formés capables de faire
de bons soldats. Les parents ne comprennent pas que je n’ai en moi même
aucune sagesse ni aucun pouvoir sur les évènements : ce qu’ils ont
accouché, cela vient d’eux, et s’ils en ont accouché, en vérité
c’est grâce à la déesse Artémis et à moi".